CULTIVER LES FEVES AU POTAGER BIO

La fève, un légume méconnu

Ayant grandi en Alsace, je n’ai trouvé dans les habitudes familiales, aux potagers des grands-parents, aucune trace de culture de la fève. Rien. Nada. J’ai découvert cette culture au travers d’un collègue jardinier, dont les origines sont algériennes et kabyles et qui avait l’habitude de cultiver des fèves chaque année, au sein de l’association de Potager à laquelle je participe. J’y ai d’ailleurs une parcelle de 100 m² dans laquelle je cultive mes légumes. Il est vrai que la fève est initialement un légume méditerrané.

 

Un régal

Depuis lors, j’ai pris plaisir à cultiver chaque année des fèves. Je les apprécie particulièrement bien et en consomme régulièrement au printemps. C’est d’ailleurs, un des premiers légumes qui est récolté au printemps et qui est issu soit du semis d’hiver ou soit de celui du début de printemps. C’est un réel plaisir de manger les premières fèves fraiches. Celles-ci peuvent être consommées soit entière (la cosse et le grain), soit uniquement le grain (la fève). Pour moi, le plus simple est de les cuire quelques minutes à la vapeur (type vitaliseur de Marion par exemple) et hop, de les manger en accompagnement avec votre plat ou à grignoter.  

Quelques considérations historiques

La fève appartient à la famille des Fabaceae et son origine botanique est associée à l’espèce botanique Vicia faba. Elle fait partie de la grande famille des légumineuses, les Fabacées. Dans cette famille, on y retrouve également les petits pois et les haricots. L’ensemble de ces légumes peuvent se conserver et se manger en sec à l’image des pois et haricots secs.

La fèverole, sa cousine agricole, est davantage utilisée en agriculture fourragère. On peut également l’utiliser comme engrais vert au potager. 

 

Calendrier de semis

La période du printemps est celle qui est la plus propice pour cultiver les fèves. Les conditions climatique et météorologique y sont favorables. Elles supportent mal les fortes chaleurs. Une température sèche et supérieure à 28 degrés commence à être un inconvénient pour leur bonne culture. Il faudra dans ce cas penser à bien arroser régulièrement, soit tous les jours ou tous les deux jours selon votre sol. Les fèves aiment des conditions tempérées du printemps et supportent également les gelées d’hiver ou de début de printemps.

Les variétés

Par rapport à d’autres potagères, les variétés disponibles sont tout de même limitées. Une petite dizaine est réellement disponible parmi environ 120 variétés dénombrées au total. Personnellement, j’en ai déjà cultivé cinq différentes :

– les classiques (celles notées au catalogue européen) : Aguadulce et Longue cosse de Séville ;

– l’excellente : la Kharmazyn. Je l’ai redécouvert cette année et je l’ai fort appréciée. La peau des fèves est rosée. Je la trouve tendre et excellente ;

– les originales :

  • Extra Précoce A Grano Violetto, variété à grains violet. A tester en semis précoce,
  • Crimson flowered, variété à fleurs rouges. Elle va donner de la couleur aux rangs de fèves ;

 

Il existe d’autres variétés issues des grainetiers ou des variétés locales, que je n’ai pas testées d’ailleurs : Auvergne, Aderna, Muchamiel, Eleonora, Irabal, Ratio, Red Epicure…

Voici  par exemple deux sites où retrouver les semences de fèves : le Biau Germe, la Ferme de Sainte-Marthe

Cultiver les fèves au potager

La culture de fèves ne nécessite pas d’apports particuliers sur votre planche. Etant donné que c’est une légumineuse et aussi un engrais vert, elle participe à la rotation classique au potager.

Soit la terre de votre planche est déjà meuble et prête ou alors il faudra la préparer. Ainsi, on prépare notre planche comme à l’habitude. Si la terre est un peu lourde et à tendance au tassement, il conviendra d’effectuer un habile travail de la terre dans le but de l’aérer et de l’ameublir. Personnellement, j’utilise une fourche bêche ou une grelinette pour aérer et détasser les 20/30 premiers centimètres, le tout sans inverser les couches de terre. J’enlève toutes les plantes non désirées et je fais place nette. Je finis par casser les mottes et affiner la terre du dessus avec un croc ou une serfouette. Dès que les graines seront mises en terre, je peux recouvrir avec une légère couche de paillage (2 à 5 cm).

Si vous réalisez un apport chaque année de compost, fumier ou autre, vous pouvez faire comme à votre habitude au niveau de l’amendement mais sans forcer la main. Nota : le fumier ou compost grossier devra plutôt être épandu à l’automne.

Mise en place des graines

C’est un des moments le plus important. L’idée est de bien calibrer la mise en œuvre des graines afin de bien respecter les besoins en espace « vital » de chaque futur plant. En effet, une implantation des plants trop resserrés ne permettra pas une belle poussée.

Voici mes conseils, qui sont issues de plusieurs années de pratique :

  • Séparation entre chaque graine : il faut compter 10 à 15 cm.
  • Séparation entre chaque ligne de fèves : je vous propose à minima 30 cm.
  •  Je vous conseille de réaliser plusieurs rangés côte à côte, trois par exemple. Cela fonctionne bien et j’ai constaté un bon rendement.
  • Pour la longueur des rangés, je propose d’aller sur 3 m minimum et 5/7 m maximum.

Astuce que j’utilise : je trace les rangés à la serfouette avec le bout triangulaire et cela me creuse un sillon de quelques centimètres de profondeur (3 à 5 cm) que je conserve. Ensuite, j’y pose mes gaines une à une en respectant la distance et lorsque toutes les graines sont posées, je les enfonce une à une dans le sol à environ 3/4 cm de profondeur.

Une autre technique serait de tracer  plus profondément le sillon à la serfouette d’environ 10 cm, d’y déposer les graines une à une en respectant pareillement les distances et ensuite de recouvrir avec 3/4 centimètres de terre sur toute la longueur du sillon.

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Entretien

Les plants vont lever et sortir de terre en 8 à 15 jours, cela va dépendre de la température et de l’humidité du sol.

Dès que les jeunes plants vont avoir 5 cm vous allez pouvoir effectuer votre premier ou second binage qui va également permettre de casser la couche de battance qui se forme habituellement chez une grande partie des types de sol. Le binage s’effectue à la serfouette avec le côté triangulaire, il permet de casser la croute et d’aérer le sol. Il est également intéressant à ce moment-là de retirer les herbes non désirables. Pour ma part, j’effectue un binage régulièrement, environ tous les quinze jours jusqu’à je n’ai plus accès à la terre compte tenu de l’ampleur des plants afin d’éviter de les abîmer.

Dès que les plants atteignent 20 à 30 cm, il est possible de commencer à la butter. C’est-à-dire que l’on ramène à l’aide d’un outil de la terre de chaque côté du pied.

Dès que les températures estivales commencent à apparaitre et à partir de plusieurs jours consécutifs à 25 degrés, je pense au paillage et cette fois-ci un paillage plutôt épais (de 5 à 15 cm). Un dernier binage avant paillage est bienvenu.   

Cette culture nécessite une humidité régulière. Par températures chaudes, il convient d’arroser régulièrement aux pieds des plants.

Récolter

La récolte des cosses de fève est plutôt facile et rapide. Il suffit de les tirer à la main ou avec un petit sécateur.

Selon vos goûts, vous pourrez récolter les cosses avec les grains plus ou moins bien formés. En début de saison, les cosses et les grains se mangent comme des « mange-tout » et ensuite vous pourrez laisser grossir les grains dans les cosses afin de privilégier ceux-ci lors de vos prochains repas.   

 

Faire ses semis

Les fèves sont généralement des semences reproductibles. Achetez des gaines bio ou vérifiez bien la reproductibilité des semences. C’est généralement noté sur le paquet.

Si vous souhaitez garder un peu de semences pour l’année suivante, vous pouvez réserver quelques cosses et les laisser murir jusqu’au bout et même les laisser sécher sur les pieds. Dès que les cosses sont sèches, vous pouvez récolter les grains et finir le séchage selon les besoins.

Attention également aux charançons qui peuvent quelques fois se trouver dans les grains. La solution sera alors une fois secs, de passer les grains au congélateur au moins 24H.   

Sensibilité au ravageur

On peut dire que le principal challenge de cette culture au niveau maladie et ravageur est l’attaque souvent lors de la floraison des tiges principales par le duo puceron/fourmi. En effet, ceux sont souvent les fourmis qui « élèvent » les pucerons, ici sur les tiges des plants de fève. Le puceron prélève la sève de la plante et l’affaibli et la fourmi profite du miellat excrété par le puceron.

Il est possible d’installer à 1 ou 2 mètres de votre rangé des plantes (capucine par exemple) qui attirent davantage les pucerons afin de les éloigner de la culture principale.

Il existe néanmoins des prédateurs naturels qui permettent de réguler la population des pucerons. Il s’agit notamment des coccinelles et de leurs larves qui s’en régalent. Observez bien à l’apparition des premiers pucerons, vous apercevrez rapidement les premières coccinelles sur vos plants en train de s’attabler. D’autres prédateurs sont répertoriés. Vous avez par exemple la chrysope, le syrphe, la guêpe et c’est essentiellement en mode larvaire qu’elles dévorent le plus de puceron.       

Par ailleurs, une solution de traitement naturel existe afin de lutter en cas d’excès de pucerons. Il suffit de préparer une solution diluée à 5% de savon noir avec de l’eau. Personnellement, je dilue l’ensemble avec de l’eau tiède. Ensuite, il suffit d’asperger avec un pulvérisateur manuel directement ciblé sur les endroits où se trouvent les pucerons. L’idéal est de cibler la pulvérisation à quelques centimètres des tiges et endroits concernés. Souvent le premier passage, s’il est bien effectué, apporte de bons résultats. Je conseille tout de même de renouveler l’opération plusieurs fois et aussi de vérifier la quinzaine suivante. Car il y a souvent plusieurs cycles d’arrivée des pucerons au printemps.

 

Quoi semer ou planter sur la planche après les fèves ?

Selon la date de votre semis, la fin de la culture s’échelonnera de Mai à Juillet. Ainsi à ces dates, votre planche sera libérée et vous pourrez implanter une nouvelle culture juste derrière comme des poireaux, des choux, des courgettes/courges, betteraves, etc. Ainsi, votre planche ne restera pas longtemps vacante.  

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